Les compétences clés pour devenir technicien éolien

Emploi environnement consacre un article à la recherche de techniciens qualifiés pour assurer l’entretien des parcs. Des compétences techniques, comme une bonne condition physique et la maîtrise de l’anglais, sont aujourd’hui indispensables pour faire face à la concurrence avec des secteurs comme le nucléaire ou l’industrie.

« L’exploitation et la maintenance [des parcs éoliens] représentent un gros vivier d’emplois dans les territoires, non délocalisables et sur la durée de vie des installations », indique l’observatoire de l’éolien 2020 réalisé par France Énergie Éolienne (FEE). La phase d’exploitation mobilise aujourd’hui plus de 3 800 emplois. Un chiffre en constante augmentation, qui suit le rythme de développement éolien en France (+14 % d’emplois entre 2017 et 2019).

Concentrés sur l’éolien terrestre, ces métiers évolueront demain avec le déploiement de l’éolien en mer. Mais la filière peine à recruter, notamment des techniciens de maintenance. Et ce, dès la formation : « Nous avons des difficultés à trouver les bons profils. Il y a une forte concurrence avec des secteurs comme le nucléaire ou l’industrie », explique Marc Dumas, Directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques du lycée Dhuoda à Nîmes (Gard). Le lycée forme, en moyenne, 15 à 20 personnes par an aux métiers de la maintenance éolienne. Une dizaine de centres dispensent ce type de formation en France.

Des compétences pluridisciplinaires

Chargés d’assurer le bon fonctionnement des turbines et d’intervenir pour anticiper ou réparer une panne, les techniciens de maintenance doivent avoir une formation dans l’électrotechnique et/ou dans la mécanique. « Nous accueillons deux types d’élèves : des jeunes sans expérience de niveau BTS ou bac professionnel, et des personnes avec une expérience professionnelle significative dans l’industrie, l’aéronautique, l’armée, etc., qui sont en reconversion », détaille Marc Dumas. Au-delà des compétences techniques en mécanique, hydraulique, électrotechnique, il faut également avoir plusieurs atouts dans ses bagages : « La maîtrise de l’anglais est recommandée, il faut être pluridisciplinaire et être en capacité de travailler en autonomie », note le directeur nîmois.

Face à ces exigences, la filière éolienne peine à être attractive. Les niveaux de rémunérations seraient, en partie, en cause : « Les salaires se sont resserrés en dix ans. L’une des raisons est qu’il y a beaucoup moins de déplacements », analyse MarcDumas. Il y a quelques années, un technicien de maintenance était mobile sur l’ensemble du territoire. Mais désormais, avec le fort développement de l’éolien, il est généralement amené à travailler dans un rayon inférieur à 100 kilomètres, estime le directeur. La plupart des emplois sont de fait concentrés sur les régions les plus pourvues en parc : les Hauts-de-France, le Grand Est et l’ouest du pays. Côté salaire : un jeune diplômé démarrera autour de 22 000 € bruts annuels, quand un technicien confirmé pourra prétendre jusqu’à 30 000 ou 40 000 € bruts par an.

Des certificats spécifiques à l’éolien

Des qualifications spécifiques sont demandées aux candidats, outre une formation en maintenance industrielle ou une solide expérience dans ce secteur. Deux certificats reconnaissent ces compétences. Le certificat professionnel allemand BZEE (pour Bildungszentrumfür Erneuerbare Energien) a, pendant longtemps, été la principale formation requise pour les techniciens de maintenance amenés à intervenir sur les parcs éoliens. Il requiert des compétences en mécanique, électrotechnique, hydraulique, électronique de puissance, mais aussi en sécurité.

En 2012, plusieurs industriels (dont Siemens, Vestas…) ont créé un autre certificat, le GWO (pour Global wind organisation). Il comprend deux modules : le premier concerne les compétences techniques, le second porte sur la sécurité (travail en hauteur, sécurité incendie, premiers secours…). Le lycée Dhuoda organise une formation qui prépare à cette seconde certification. « Elle dure 18 semaines et elle est complétée par huit semaines en entreprise. Nous organisons également une préparation à l’habilitation électrique, de plus en plus demandée par les entreprises », explique Marc Dumas. Aujourd’hui, les étudiants formés au lycée Dhuoda ont un taux d’insertion dans l’emploi supérieur à 80 %.

Un métier qui évolue

Pour préparer les candidats au GWO, le lycée dispose de quatre nacelles opérationnelles. Cela leur permet de se former à l’analyse et au diagnostic. « Nous allons compléter prochainement cet équipement par une cinquième nacelle, qui correspondra aux évolutions actuelles et à venir du parc éolien. Les turbines sont en effet de plus en plus instrumentées, ce qui permet une surveillance en temps réel. Par exemple, si on observe d’importantes vibrations, le technicien va aller investiguer avant que la panne ou le dysfonctionnement n’arrivent », explique Marc Dumas. Et demain, certains techniciens de maintenance seront amenés à intervenir sur les parcs en mer. Auparavant, ils devront avoir été formés à la survie et au sauvetage en mer.

 

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